Benjamin Siksou

Benjamin Siksou, né le 8 février 1987 à Ivry-sur-Seine, est un auteur-compositeur-interprète et un acteur français. Multi-instrumentiste (guitare, piano, violon, percussions), il chante dans un style jazz-blues et pop.

Révélé en 2008 par l’émission Nouvelle Star de M6, où il est finaliste, il sort son premier album Au chant du coq en 2017 puis son deuxième Saxophonia en 2022.

Quand Benjamin Siksou prononce le titre de son nouvel album, il sourit comme un môme. Il pourrait le répéter mille fois ce titre, comme un mantra. Saxophonia, Saxophonia, Saxophonia… Il guette la réaction de l’autre. Il en visiblement fier. Depuis 2017 et son dernier album, il y a eu des âmes qui sont parties, des doutes et des lumières, des ombres et des désirs, un virus et ses confinements. Cette période étrange a permis un certain recentrage, d’aller au bout de choses enfouies, aussi bien dans les textes que dans les musiques.

“Saxophonia” est un disque à la beauté qui tangue, comme un cortège dans une ville imaginaire, un jour de fête ou d’enterrement. Aux mille couleurs pas fixées. Et où le saxophone est au centre. Coeur et poumons. Ce disque, c’est “un délire très construit” dit Benjamin. Qui traverse des fantasmes, des songes, qui s’attaque surtout à l’idée de manque. Benjamin n’ignore pas qu’un artiste part toujours du manque, de la frustration. Toujours. C’est la base. L’artiste cherche à remplir quelque chose. À colorier le vide. Et ce sont les chansons qui viennent combler ça.

Sur ce disque, Benjamin a voulu supprimer des strates. Élaguer. Épurer. Pas une machine, pas une boite à rythmes, que de l’organique, du live, en direct ou presque.
“J’avais dans ma tête depuis plus de dix ans une fanfare. C’est mon fantasme absolu! La fanfare. Et un jour, je me rends compte que mon disque de chevet, un disque de Moondog, intitulé “Sax Pax for a Sax”, ce ne sont que des saxophones! Et là, je me dis: “Ok, c’est ça! Fanfare mais de saxos!”. Le titre « Saxophonia” me vient dans la foulée. Il y a un côté El Dorado, rêve dans ce titre. Le saxophone, c’est un bois, pas un cuivre. Et cette idée de bois, ça m’a plu également. J’aurais pu appeler le disque “Du Bois!” (rires). Mais j’ai opté finalement pour “Saxophonia”. C’est un choix heureux. “La voix en avant, oui, c’était une volonté. Un parti pris. Je voulais quelque chose de live, d’acoustique. Je ne voulais plus de couches. Et il y a ma voix. Et l’émotion qui l’accompagne.” L’impression d’être à ses côtés en studio est palpable. On entend ses respirations. Presque ses fragilités et c’est émouvant. Les musiciens le savent: la respiration, c’est le rythme. Ce disque, c’est un peu son Shangri-La, une terre sortie de sa tête et de ses tripes et qui s’incarne, comme semble l’indiquer la sublime pochette conçue par Elzo Durt (personne n’a oublié son travail pour entre autres, La Femme), qui navigue entre enfance réactivée et féérie. À l’écoute de ce disque à la pudeur de combat, on a l’impression de suivre, oui, une fanfare. Fanfare Nouvelle Orleans ou Klezmer ou des Balkans. Pas obligé de choisir. La fanfare est une manifestation internationale, qui accompagne bien des cultures, qui est là pour célébrer, dans le deuil comme dans la joie… La magie envahissant toutes les âmes présentes.

“Saxophonia”, ce n’est pas autre chose. “Je pense que c’est un disque très mélancolique. Et en même temps, j’ai toujours voulu garder une tension. Ce n’est pas du tout un disque abattu. Il est même plein de vie. Moi, ce que j’aime dans la vie, dans l’art, ce sont les contrastes. Quand je parle de la mort par exemple, je parle de la vie.” Chez Benjamin, et c’est en cela qu’il est assez captivant, on ne sait plus vraiment quelles émotions sont convoquées et c’est là bien la force de sa poésie: quand elle ne choisit pas de camp, quand elle est au delà des explications de textes. Perte d’un être cher ou rupture amoureuse, c’est à celui qui écoute de décider et c’est très bien comme ça. Benjamin chante parfois comme un crooner avec, ici et là, une douce ironie qui pointe. C’est beau et intime, lucide et perché, velours et morsures. Benjamin a travaillé au corps cet album avec l’aide de Pierre Grillet, qui a co-écrit trois titres et celle de Fred Pallem (arrangements) et Édouard Bonan (mix et prise de son), co-réalisateurs. Enregistré entre les studios Ferber et ceux mythiques d’Hérouville, entre avril et juin 2021. “Quand il a fallu y aller, il y avait tout ou presque. Ça a été un processus très fluide. Je savais vraiment où je voulais aller” dit-il.